Société
Regard sur le racisme
9 mai 2019 - par Gabriel Pirotte
Dans cette interview, Gabriel Pirotte nous parle de cette violence toujours taboue et trop ignorée, le racisme ! Avec Gabriel, c’est le moment de faire le plein d’idées pour lutter contre le racisme à tous les niveaux !
Qui es-tu Gabriel ?
Je m’appelle Gabriel Pirotte, je suis né au Rwanda en 89. J’ai été adopté ici en Belgique, très tôt, puisqu’il y avait le génocide. Je connais beau- coup plus la Belgique que l’Afrique et le Rwanda.
Gabriel, comment définirais-tu le racisme ?
Il y a le racisme d’Etat et le racisme interpersonnel. Le racisme d’Etat s’exprime de différentes manières. Un exemple : si je suis Belge, je n’ai pas besoin de me tracasser si je veux voyager : je peux voyager où je veux, quand je veux et comme je veux. Par contre, si je suis Africain ou non – Occidental en général, c’est beaucoup plus compliqué !
Le racisme d’Etat se matérialise également dans la non - interven- tion de l’Etat à chaque fois qu’un Noir ou une personne étrangère a besoin de lui. Le racisme d’Etat, c’est aussi la non-reconnaissance de certaines personnes quand elles se battent pour un pays. Je pense à des soldats africains qui s’étaient rendus en France pour se battre pendant la seconde guerre mondiale et dont le courage n’a pas été reconnu.
Puis, il y a le racisme inter- personnel. Par exemple, mon petit frère a reçu une lettre où un raciste lui disait claire- ment qu’il n’avait rien à faire dans ce pays. Et la lettre était vraiment très blessante et très méchante. Je me suis demandé vraiment si tous les gens étaient comme ça dans ce pays, et je pense que non, mais à ce moment-là, c’était vraiment très compliqué.
Que devrait faire l’Etat, selon toi Gabriel ?
Le problème pour moi c’est que la loi anti-racisme de Moureaux n’est pas appliquée. Je trouve qu’on devrait mettre beaucoup plus d’argent pour permettre aux juges de vraiment bien faire leur boulot et ne pas devoir attendre 5 ans pour qu’un jugement soit rendu.
Deuxième chose, je pense qu’il faut dire et répéter que l’immigration, c’est un bienfait économique et social. Je pense par exemple au rec- teur de l’université de Namur ! C’est quelqu’un qui a émigré en Belgique, il a tellement bien réussi qu’il est devenu recteur. Et ces personnes-là, généralement on n’en parle pas.
Une autre chose, ce serait aussi de voir comment on peut enseigner l’histoire coloniale. Expliquer pourquoi les Belges sont partis au Congo et au Burundi, expliquer de manière critique, expliquer de ma- nière sincère, et puis je pense qu’il y a peut-être aussi des excuses qui doivent être faites.
Et nous, que pouvons-nous faire ?
Il faut rester apaisé vis-à-vis du racisme et discuter avec la personne qui est en souffrance. Je ne pense pas non plus qu’il faille trop attendre des puissants qu’ils changent le système, puisque le système les arrange bien1.
En fait, je pense qu’il faut commencer à changer petit à petit les choses par le bas et il faut essayer en tant que jeune de témoigner avec force, et sans violence. Je pense que c’est le meilleur moyen pour être dans la vérité.
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Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Promotion de la Citoyenneté et de l’Interculturalité – 2019.
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