Société
Noémie : « On the road » … à vélo
24 octobre 2013
L'année de ses 18 ans, Noémie effectue en solitaire un périple de huit mois aux Etas-Unis. Elle traverse entre autres le New Jersey, la Louisiane, le Texas, l'Arizona et arrive à vélo à San Fransisco. D'origine suisse, Noémie est ensuite venue à Bruxelles pour suivre des études de théâtre. Aujourd'hui âgée de 22 ans, elle travaille entre la France et la Belgique en tant que comédienne. Elle nous parle de ce voyage aux États-Unis et de ses rencontres.
Avant de partir aux États-Unis, quelle était ton expérience des voyages ?
J’ai toujours fait des petits voyages, avec mes parents et grâce à l’école. Avec mes parents on partait en camping l’été pour deux ou trois semaines, en France ou en Italie. On prenait la voiture ou le vélo. Par exemple, on a fait le tour du lac de Constance en Allemagne à vélo.
Quand ils étaient jeunes mes parents ont traversé le Sahara en 4X4, et je leur posais beaucoup de questions sur ce voyage, c’était un peu mon rêve de faire comme eux.
Comment as-tu décidé de partir aux États-Unis ?
Je me suis toujours dit que je partirai pour voir du pays après mon Bac. Je me sentais étouffer dans la petite ville où je vivais. Je n’avais pas peur de partir seule car c’est le meilleur moyen de rencontrer des gens et de toute façon je n’aurais pas su avec qui partir.
J’ai choisi les États-Unis parce que c’était loin, parce que je comprenais l’anglais, mais aussi parce que ce n’était pas effrayant puisque cela reste une culture proche de la nôtre. J’aime aussi beaucoup la country, et j’avais envie de voir Nashville.
Ma mère a trouvé que c’était une bonne idée que je fasse ce voyage, et elle m’a encouragée.
Comment t’es-tu déplacée à travers le pays ?
Je suis partie le 31 août 2009, et mon objectif initial était de traverser les États-Unis de New-York jusque San Fransisco.
En tout j’ai traversé 20 États et le Canada, de l’Est vers l’Ouest en faisant une sorte de « U » qui passe par le New-Jersey, Montréal, la Caroline du Nord, Nashville, l’Alabama, le Mississipi, la Louisiane et la Nouvelle-Orléans. De cette ville j’ai pris un avion jusque Los Angeles, puis je suis allée à Vancouver, en Arkansas, en Oklahoma, au Texas, au Nouveau Mexique, en Arizona, à San Diego, puis à moto jusque Los Angeles, et enfin à vélo jusque San Francisco.
Mon vélo, je l’ai acheté dès mon arrivée à Nashville. Je l’ai appelé Ice Cream Lollipop, et je l’ai ramené en Suisse, il est toujours là-bas. J’ai décidé d’acheter un vélo parce que j’avais vu un homme en Caroline du Nord sur un vélo jaune, et cela m’avait donné l’envie de faire du vélo. Je suis restée travailler une semaine dans la boutique où je l’ai acheté, pour apprendre à le réparer et connaître tout le vocabulaire technique.
J’ai aussi beaucoup voyagé dans les bus Greyhound qui desservent les principales villes américaines. J’ai fait du stop aussi. Mon vélo était démontable donc je le mettais dans les voitures. Sinon je le laissais chez des amis et je revenais le chercher ensuite. J’ai aussi parfois pris le train.
Mon voyage a duré huit mois en tout et je ne suis jamais restée plus de deux ou trois semaines au même endroit.
Comment te logeais-tu ?
J’ai toujours dormi chez l’habitant. Je ne m’inquiétais pas de savoir où j’allais loger, je me disais que je trouverais quelque chose, et quand j’étais à vélo, vers 19h les gens en voiture commençaient à s’arrêter et me disaient « mais t’es folle, arrête, viens dormir à la maison… ».
Par exemple, à la fin de mon premier jour à vélo, je suis arrivée dans une ferme qui avait aussi un restaurant. J’ai mangé là, et le reste de la nuit j’ai aidé à faire la plonge.
J’essayais toujours de participer à la vie quotidienne des familles qui m’hébergeaient : je m’occupais des enfants, je faisais la vaisselle, la cuisine ou les courses, et je montrais que j’étais contente d’être là.
Quelles sont les rencontres les plus marquantes que tu aies faites ?
J’ai rencontré beaucoup de personnes. Je repense par exemple à un vieux drogué à Woodstock, il avait des cheveux violets, et des jeunes punks. J’ai aussi rencontré une dame, Holly, elle vivait dans une cabane en bois cassée avec sa fille de six ans, et elle m’a accueillie alors qu’elle n’avait rien.
J’ai aussi rencontré une famille très riche qui avait un domaine dans le Mississippi avec plein de domestiques.
Puis j’ai eu un contact avec des étudiants et je suis restée deux semaines avec eux. On parlait beaucoup de religion, ils étaient très croyants, avec des valeurs très ancrées que je ne partageais pas forcément.
Quel est ton pire souvenir ?
J’ai été malade. Cela a été un moment très dur. J’ai été placée en quarantaine dans un chalet : on pensait que j’avais la grippe porcine. Une dame m’apportait des cookies et du jus d’orange le matin. J’ai beaucoup pleuré, mais j’ai j’étais contente de constater que mon courage avait des limites.
Quand et comment es-tu rentrée ?
Je suis rentrée parce que mon visa arrivait à échéance. Sinon je serais restée et j’aurais continué à voyager, j’avais encore plein de choses à voir dans le Nord du pays. J’étais triste de rentrer, mais heureuse de revoir ma famille.
Qu’est-ce que ce voyage t’a apporté ?
J’ai démontré qu’on peut voyager seule sans que rien de grave n’arrive. J’ai rencontré plein de gens adorables qui m’ont aidée, guidée, hébergée et nourrie.
Je sais que c’est naïf et plus compliqué que ça, mais ce voyage a renforcé ma croyance que l’humain est bon. Cela m’a donné envie de rendre l’amour que j’ai reçu aux voyageurs que je rencontre et aux jeunes qui en ont besoin. Cela m’a aussi donné envie de rendre le partage, l’hospitalité et l’aide que j’ai reçus et qui me semblent des valeurs beaucoup plus présentes aux États-Unis qu’en Europe.
Parfois je repense aussi à ce qu’un cow-boy m’a dit au Nouveau Mexique, à Santa Fe. On faisait du cheval ensemble, et je lui disais que j’avais envie de faire du théâtre, que j’avais peur de ne pas pouvoir en faire mon métier, mais que c’était ça ou rien et il m’a répondu « I think you can do just about anything you want[1]. » Je ne l’ai pas vraiment cru, mais ça m’a fait du bien, et quand je suis découragée j’y repense. Il avait cette confiance en la vie si particulière aux Américains.
Les voyages…et les tournages
Refaire des voyages pour l’instant est incompatible avec la carrière que je veux mener car je ne veux pas manquer les opportunités de tournage.
Si je peux repartir, je referais bien du stop, parce que j’adore ça, mais avec quelqu’un, et j’aimerais bien aller en Afrique.
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