Société
Itinéraire d’un bon sens durable
29 mars 2019
© fancycrave.com
Dans la famille d’Oxana, au Kazakhstan, repriser les vêtements c’était normal et essentiel. Et ici, en Belgique, le recyclage a le vent en poupe. Oxana nous raconte son parcours d’une culture à l’autre, et comment coudre au quotidien est devenu de l’up-cycling recherché.
« J’ai compris qu’aujourd’hui, ça s’appelle “l’économie circulaire” mais à l’époque, c’était quelque chose d’évident, de naturel ». L'économie circulaire est un système au sein duquel les produits sont réutilisés, transformés, recyclés pour être maintenus le plus longtemps possible dans le circuit, tout en garantissant leur qualité. Dans ce domaine, Oxana est passée maître…
Oxana Yan est née en ex-URSS, au Kazakhstan. Elle a vu la fin de l’Union Soviétique et ses effets sur l’économie. « Quand j’avais 15 ans, les jeunes filles commençaient à se regarder dans le miroir… Mais au magasin, il n’y avait rien, c’était vide, alors il fallait trouver un moyen de se faire jolie ! »
C’était une habitude dans la grande famille d’Oxana de repriser les vêtements, de les faire durer le plus longtemps possible. Manteaux, pantalons et autres devaient être transmis de grand-mère à petite-fille : une robe un peu usée était démultipliée en trois jupes, qui devenaient ensuite des tabliers, qui eux-mêmes finissaient leur vie en chiffons accomplis.
3 ans à l’enseigne de la débrouillardise
Quelques années plus tard, Oxana, désormais mariée, doit suivre son mari en Belgique, où il a décidé de s’installer. D’une vie au Kazakhstan, Oxana passe à une vie en Belgique. Les circonstances de la vie font rebrousser chemin au mari d’Oxana, tandis qu’elle, jeune femme de 25 ans, choisit de rester en Belgique, notamment pour ses enfants.
Pendant trois ans, elle vit dans un squat, l’ancien “123 rue Royale” et y côtoie une diversité humaine, des pros du plan B, voire du plan D, la vraie débrouillardise. Lors d’un brainstorming sur les compétences professionnelles, elle énumère ce qu’elle sait faire : diplômée d’architecture et des beaux-arts, Oxana sait faire le ménage et coudre.
« Tu sais coudre ? »
Oui, elle sait coudre ! Evidemment, chez elle « ce n’est pas un atout, c’est normal ! » . Elle découvre avec surprise qu’ici en Belgique, à Bruxelles, il y a un regain d’intérêt pour ces talents manuels. Ses amis lui offrent une machine à coudre, lui fournissent des chutes de tissu et lui demandent de créer des vêtements.
Elle commence à vendre ses créations dans des brocantes et divers marchés de la capitale. Là, elle récolte directement les impressions des gens et se rend compte que de plus en plus de personnes désirent se vêtir de manière plus responsable et porter des pièces aux histoires uniques. Les acheteurs apprécient sa créativité et son travail.
L'up-cycling : tremplin vers l'emploi
En 2011, elle pousse les portes de Récréart, nouvellement renommé “Cyclup atelier”, et rapidement, elle est engagée en tant que couturière. Elle dessine, coud, crée des pièces uniques, participe à des défilés de mode, à
des marchés de créateurs et, de fil en aiguille, elle prend conscience que ce qui lui paraît tellement banal est ici valorisé et recherché.
Elle met des mots sur ce qu’elle fait depuis presque toujours : de la mode alternative, de “l’up-cycling” : du recyclage vers le haut, les objets sont transformés en objets de qualité supérieure.
Le parcours d’Oxana met en lumière une certaine tendance à revenir à des valeurs essentielles, des gestes de bon sens qui se métamorphosent en concepts porteurs de changement, pour un avenir durable et éthique.
Elodie KEMPENEAER
Avec le soutien de la Fondation Roi Baudoin
1 L’économie circulaire s’oppose en cela à l’économie linéaire qui se débarrasse des produits et matériaux en fin de vie économique.
2 Bruxelles: après onze ans d'occupation, les habitants du 123 rue Royale ont quitté le bâtiment
3 http://www.cpasbru.irisnet.be/fr/?ID=64
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