Nord/Sud
L’histoire coloniale à l’école : qu’attendez-vous pour vous y intéresser ?
13 juin 2019 - par Sarra El Massaoudi
© Stéphanie Bosnjak
Il est 18h30 dans la petite cour intérieure du centre culturel bruxellois , le Pianofabriek[1] ce samedi soir. Quelques gouttes tombent encore mais l’air est toujours chaud, permettant aux premiers arrivés de patienter en terrasse, un verre à la main. Dans la salle de conférence, l’équipe technique s’active : l’événement va bientôt commencer. Les slameurs relisent une dernière fois leur texte tandis que les orateurs du jour s’installent sur l’estrade. De l’autre côté du mur, le public arrive au compte-gouttes. « C’est bien ici la soirée ‘A quand une place pour l’histoire coloniale à l’école’ ? »
La salle est presque pleine. Plus que cela, elle est diversifiée en termes d’âge et de genre. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes ont fait le déplacement. Un rapide regard dans les gradins suffit cependant pour se rendre compte que, si le public est représentatif de la population qui fréquente habituellement ce genre de conférence, il ne l’est pas du tout de la réalité bruxelloise.
Alors que les afro-descendants ont largement répondu présent, les “autres”, eux, manquent cruellement à l’appel. Une absence qui semble traduire un manque d’intérêt pour le sujet, pourtant fondamental. Comme si l’histoire de la colonisation ne concernait que les peuples colonisés. Comme si la Belgique n’avait pas largement profité des ressources humaines et matérielles du Congo pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Il est toujours plus facile de se poser en « gentil défenseur de ses terres » qu’en « méchant colonisateur », me direz-vous. Raison pour laquelle nous n’avons aucun problème à parler des envahisseurs lorsqu’ils sont étrangers. Les cours d’histoire abordent ainsi aisément les invasions des Huns au IIIe siècle, celle des Arabes au temps des Croisades et celle des Allemands lors du siècle dernier. Pendant ce temps, les quelques manuels qui daignent mentionner l’époque coloniale le font systématiquement sous le prisme des bienfaits apportés par la Belgique.
Remettons les choses à leur place : non, la colonisation n’a pas apporté la civilisation. Elle s’est au contraire appliquée à en détruire une pour en imposer une autre, jugée plus moderne par des Belges ethnocentrés[2] qui ne connaissaient rien de la culture et des spécificités congolaises. C’est cette ignorance et, pire encore, cette absence d’envie d’apprendre qui a permis aux autorités belges de faire croire à la population de l’époque que leur impérialisme raciste était justifié et bénéfique. Ce sont elles qui, encore aujourd’hui, permettent à des entreprises et des propriétaires de refuser ouvertement des Noirs ou des musulmans dans leurs locaux.
Inscrire l’histoire coloniale au programme scolaire ne relève pas d’un caprice ou d’une prétention communautariste. C’est un pas indispensable vers une société plus juste, moins raciste. Puisque le savoir est une arme, pourquoi ne pas nous éduquer ? A vos cahiers !
Sarra El Massaoudi
Avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin
[1] http://www.pianofabriek.be/?lang=fr
[2] Attitude qui consiste à surestimer le groupe géographique ou national dont on est issu, qui débouche très souvent sur des préjugés sur les autres peuples
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23 novembre 2024
Représentation Balle Perdue - Anderlecht
La troupe Magma vous invite à sa première création de théâtre-Action : « Balle perdue » ! Une pièce qui questionne l’injustice des violences policières, nourrissant la réflexion et proposant des pistes d’action.
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L’histoire coloniale à l’école : qu’attendez-vous pour vous y intéresser ?
Il est 18h30 dans la petite cour intérieure du centre culturel bruxellois , le Pianofabriek[1] ce samedi soir. Quelques gouttes tombent encore mais l’air est toujours chaud, permettant aux premiers arrivés de patienter en terrasse, un verre à la main. Dans la salle de conférence, l’équipe technique s’active : l’événement va bientôt commencer. Les slameurs relisent une dernière fois leur texte tandis que les orateurs du jour s’installent sur l’estrade. De l’autre côté du mur, le public arrive au compte-gouttes. « C’est bien ici la soirée ‘A quand une place pour l’histoire coloniale à l’école’ ? »
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Néhémie, 19 ans, étudiant et futur afromilitant
“A quand une place pour l’Histoire coloniale à l'École ?” Cette question polémique a été l’objet de la rencontre-débat qui s’est tenue au centre culturel flamand, le Pianofabriek[1], ce samedi 18 mai 2019 à l'initiative de l’asbl Magma et du Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations . Trois intervenants de qualité sont intervenus : Kalvin Soiresse, Romain Landmeters et Jean-Pierre Griez, nous informant sur la place de l’histoire coloniale belge dans l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils ont également mis en évidence que cet enseignement réduit ne met pas en avant ce passé colonial et son impact. Par exemple, le mot “colonisation” est remplacé par le mot “migration”. Ils reviennent également sur les conséquences pour les enfants d’une telle occultation.
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Histoire coloniale : l’art pour sensibiliser les jeunes ?
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Rencontre avec Stéphanie Ngalula
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