Nord/Sud

L'hiver au Kenya, l'été en Belgique

6 novembre 2013

© Photo fournie par Leslie

Leslie est une jeune institutrice qui enseigne l'accordéon. Outre la musique, elle entretient une autre belle passion, celle de voyager. C'est avec beaucoup de plaisir qu'elle a accepté de me parler de cet amour pour les voyages.

« J’ai toujours aimé voyager » me dit-elle d’entrée de jeu.  « Mon goût du voyage m’a propulsée vers  des pays différents les uns des autres : Le Togo, le Canada, la Thaïlande et le Kenya » ajoute-elle. C’est après ses études supérieures que l’envie lui  vient de concrétiser ses projets.  Avant, elle avait certes déjà voyagé, mais  c’était toujours en tant que touriste. 

« J’avais envie de vivre avec les gens, de partager  leur  quotidien, leurs habitudes, et même leur culture.   Une expérience impossible quand on voyage en touriste ». 

 

Grâce au Service civil international (SCI), Leslie va prendre part à plusieurs projets. Ce qui va lui permettre de découvrir beaucoup de pays au point de tomber amoureuse de l’un d’eux…le Kenya. « Quand je suis au Kenya, je me sens chez moi. J’y ai tissé des liens chouettes, des amitiés superbes. J’enseignais la musique et l’éducation physique. » Ses journées étaient rythmées par le soleil : elles commençaient avant le lever du soleil  pour prendre fin à 18 heures.

« Parfois, vers 5h30 du matin, je me retrouvais  dans les champs en pyjama à cueillir du maïs  avec ma mère d’accueil pour ensuite rentrer au lit vers 6h30 et lire un bouquin avec ma lampe de poche. Je vivais de manière décalée mais ça me plaisait.» 

 

C’est à 9 heures du matin que Leslie allait enseigner. Depuis son réveil jusqu’au commencement de son travail, elle avait donc plus de trois heures de « fourche » qu’elle comblait en se baladant dans les champs ou en jouant avec les enfants.  C’était vraiment un rythme de vie autre que celui de la Belgique où parfois il lui arrivait de se lever à 7h45 pour être à 8h30 à son école. «  Au Kenya, j’avais pris l’habitude  de prendre du temps le matin alors qu’en Belgique je cours. » En dehors de ses cours de musique et d’éducation physique, Leslie soutenait un groupe de veuves.  Ensemble, elles confectionnaient des sacs qu’elles revendaient, une activité qui a  beaucoup marqué Leslie.  

«  Souvent, c’est dans les pays où il n’y a pas toujours de biens matériels que les gens sont beaucoup plus humains et simples. A  travers mes voyages, j’ai été aussi frappée par  la culture de la porte ouverte et le rapport avec les personnes âgées ». Ce côté simple et beau nous manque parfois ici.»

 

Cependant, tout n’a pas toujours été rose pour Leslie.  « Au début », me dit-elle, « les gens étaient fort curieux et me demandaient tout le temps ce que je venais faire ».  Certains  même attendaient beaucoup d’elle et la prenaient comme « la riche expatriée venue résoudre tous leurs problèmes », ce qui la mettait très souvent mal à l’aise.  Elle n’a pas été non plus à l’abri de certaines mésaventures. C’est  avec beaucoup d’humour qu’elle me relate cette anecdote : «  Lors de ma première nuit,  en allant aux toilettes,  je  me suis perdue et suis restée toute la nuit dans les champs. Malgré  le fait que j’avais ma petite lampe torche, je n’étais pas arrivée à retrouver mon chemin car les installations se trouvaient à l’extérieur de la maison.»  Il lui arrivait aussi que la nourriture belge lui manque ou d’avoir envie de causer avec certains de ses proches :

« J’étais en contact avec mes amis et ma famille en Belgique via les mails ou le téléphone. Mais j’avais parfois envie de leur raconter dans l’immédiat mes aventures kenyanes. »

 

Leslie a un rêve  aujourd’hui : celui de  vivre au Kenya pendant qu’il fait froid en Belgique et de revenir en Belgique seulement pendant l’été. Elle m’affirme aimer  profiter de la lumière et  considère le voyage comme une sorte d’échappatoire à  la monotonie répétitive de la vie.  Quand je lui demande quels conseils elle pourrait donner à quelqu’un qui aimerait lui emboiter le pas, spontanément elle me répond :

« Il faut voyager  sans avoir d’attente. Voyager pour rencontrer les gens et accueillir tout ce qui vous arrive, cela évitera des frustrations et surtout il faut apprendre à savourer les bons instants de la vie. »