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Histoire coloniale : l’art pour sensibiliser les jeunes ?

13 juin 2019 - par Coline Malot | Lucie Sevestre

© Manu Scordia

“Caoutchouc Rouge, Rouge Coltan”. C’est le titre du film d’animation réalisé par Jean-Pierre Griez, présenté au centre culturel flamand le Pianofabriek à Saint-Gilles lors du débat “A quand une place pour l’histoire coloniale à l’école ?”. C’est l’occasion d’aborder le rôle de l’art dans la sensibilisation des jeunes à l’histoire coloniale belge.

Au terme de cette rencontre riche en informations et en émotions, le public hésitait à se disperser. De petits groupes se sont formés à l’extérieur de la salle et les discussions se sont poursuivies bien plus tard dans la soirée. Nous nous sommes entretenues avec deux des nombreux spectateurs, très marqués par la diffusion de l’extrait du film.

Le film raconte l’histoire d’Abo Ikoyo, une jeune belgo-congolaise de 17 ans qui n’a jamais connu son père, disparu à l’Est de la RDC à l’aube des années 2000.

Gérard, 34 ans, professeur et médiateur culturel, est concerné directement par le sujet. “Je suis arrivé du Burundi en Belgique à 2 ans, je me sens belge à 100%. Mais tout le monde me demande toujours d’où je viens !”. Au-delà de son histoire personnelle, il se demande comment aborder le thème de la colonisation avec ses élèves de 5ème. Il cherche des solutions concrètes: “D’ici un an, j’aimerais disposer d’un outil complet avec lequel je peux aller parler devant les élèves. [...] Et c’est intéressant d’aborder la question à partir d’une forme artistique. Ce serait la façon la plus douce, la plus accessible en effet.“

Violette, 56 ans, travaille à l’accueil d’un cinéma à Liège et a observé avec regret le manque d’engouement pour ce film dans son cinéma. “Peut-être qu’il y a une réaction négative par rapport à l’affiche et la thématique.”

L’affiche du film est pourtant toute simple, a priori. On y voit une poupée noire représentant une jeune fille contemplant Bruxelles. À l’avant plan, un panneau indique “rue des colonies”. Au second plan on peut voir les arches du parc du Cinquantenaire, surplombées de deux mains coupées et sanglantes.

Violette en conclut que le visuel a son importance pour faire passer un message au public. Dans cette idée, l’art aurait une place importante pour parler des sujets sensibles, à l’image de ce film. “J’ai l’impression, dit-elle, que l’art peut vraiment aider à rendre les choses plus accessibles”.

Violette et Gérard s’accordent sur le fait que cette démarche artistique doit être soutenue par l’école. “C’est à l’instruction publique de montrer l’exemple et de permettre aux médiateurs d’aller dans les écoles, de parler aux gamins.” explique Gérard. “Pour moi, l’histoire coloniale, c’est comme le néerlandais et le français. Ça devrait être obligatoire à l’école.” ajoute Violette. Elle a d’ailleurs l’impression, nous dit-elle, qu’une partie des autorités n’est pas en faveur des initiatives nouvelles pour que l’histoire coloniale entre dans les écoles. “On est dans unE société qui est de plus en plus dans la mixité, et c’est une mixité qui n’est pas au fait de son histoire.”

“Il faut que les propositions d’avenir viennent de nous aussi”, enchaîne Gérard. “Il ne faut pas seulement attendre que le système se mette en place tout seul. À un moment donné, il faut qu’on y aille, avec une proposition concrète.” Cette soirée lui apporte de l’espoir pour le  futur : “Ça fait du bien de se dire qu’on n’est pas tout seul à mener le combat. Tout seul, on ne peut pas. Il faut avoir de l’influence.”

Liste de films, de pièces de théâtre, de livres qui peuvent être utilisés pour parler de la colonisation en Belgique avec des jeunes :

  1. Annoncer la couleur : 
    https://www.annoncerlacouleur.be/ressource-pedagogique-alc/congo-colonisationdécolonisation-l’histoire-par-les-documents     

  2. Dossier pédagogique basé sur la série documentaire Kongo :

    “500 ans de colonisation au Congo. Une approche pédagogique audiovisuelle de la colonisation au Congo belge” de Cornet, A., Cattier, D., Tilmant, S., & Tousignant, N. (2012)

    https://ligue-enseignement.be/un-outil-pedagogique-pour-aborder-la-colonisation-au-congo/

  3. Colonisation et décolonisation dans les cultures historiques et les politiques de mémoire nationales en Europe de Uta Fenske, Daniel Groth, Klaus-Michael Guse and Bärbel P. Kuhn. https://www.peterlang.com/view/title/18493

            

 

Lucie Sevestre et Coline Malot

 

Avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin