Nord/Sud
France Arets, une irréductible liégeoise
9 janvier 2020
© Antonio Gomez Garcia
Le Collectif de Résistance Aux Centres Pour Étrangers (CRACPE) est né dès 1997, pour empêcher l’ouverture du centre fermé de Vottem, pour se battre contre les centres et l’arrêt total des expulsions et revendiquer une politique d’asile et d’immigration respectant les droits humains. Interview de France Arets, une des militantes de la première heure du CRACPE.
Où trouvez-vous la motivation de venir chaque samedi soutenir les personnes enfermées ?
Si je viens depuis 20 ans, c’est pour défendre les valeurs de solidarité, de liberté, d’égalité et de justice sociale, qui sont pour moi fondamentales. Je veux être solidaire avec les réfugiés et les migrants en général, refuser les centres fermés pour des personnes qui n’ont pas les bons papiers au bon moment et qui, pour beaucoup d’entre elles, fuient la misère, la guerre ou l’oppression, ou ont simplement voulu rejoindre leur famille ou venir étudier ici. Mes autres motivations sont d’empêcher la construction de nouveaux centres, de faire fermer celui de Vottem, de lutter contre toute forme d’inégalité et de discrimination. Ne pas ou ne plus avoir de titre de séjour ne peut être considéré comme un délit !
Vous arrive-t-il d’être découragée ?
Parfois. Il faut en effet aider beaucoup de monde et nous avons souvent peu de chances de réussir. Même si nous ne réussissons pas, nous les soutenons malgré tout moralement et ils sont reconnaissants. Venir tous les samedis, c’est aussi montrer à ces personnes injustement détenues notre fidélité et que nous ne les abandonnons pas. Le plus décourageant, c’est de se dire qu’on devra se battre encore longtemps contre l’Europe-forteresse.
Avez-vous eu des impacts positifs ?
Certains enfermés ont finalement pu être libérés grâce aussi à des avocats dévoués et acharnés. Nous voulons aussi sensibiliser le politique, empêcher d’autres centres fermés d’ouvrir. Nous avons également un impact sur les employés et la direction du centre. Ils savent qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi sinon nous interpellerons des médias ou nous organiserons une manifestation.
Vous êtes peu nombreux ce samedi, mais pouvez-vous compter sur un soutien plus large ?
Notre présence est symbolique le samedi, mais derrière cela il y a un important réseau de personnes qui nous soutiennent. Lors d’un évènement grave, nous faisons appel à notre réseau et en 2-3 jours nous pouvons être plus d’une centaine devant le centre fermé, en général un millier lors de la manifestation annuelle à la date anniversaire d’ouverture du centre. En 2006, par exemple, lorsqu’ils ont voulu créer une section pour familles et enfermer des enfants, nous avons très rapidement pu mobiliser des milliers de personnes et la section a été fermée après quelques mois.
Quelles sont les autres activités du CRACPE ?
Nous avons des permanences téléphoniques, administratives, pour ceux qui souhaitent l’aide d’un avocat, des recharges téléphoniques… Nous faisons aussi du parrainage pour les visites des détenus qui le demandent et de la sensibilisation des ambassades pour qu’elles ne donnent pas "l’accord" d’expulsion. Nous essayons de sensibiliser un maximum de monde et nous organisons deux grandes manifestations annuelles : une en mars à l’occasion de l’anniversaire de l’ouverture de "Vottem", et une veillée aux bougies autour du centre chaque 24 décembre.
Reportage au centre fermé de Vottem réalisé par
Alfred, Jean, Pape, François, Christelle, Robert, Amélie, Jean et Liliane
Atelier d’écriture de la Voix des Sans-Papiers de Liège.
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