Culture

Agata Pietrak avive la scène bruxelloise avec la Soul Music

6 février 2014

© Vanessa Kabuta

Née à Varsovie au début des années septante, Agata Pietrak et ses parents arrivent en Belgique lorsqu'elle a un an. Ils émigrent ensuite à Lagos au Nigéria, à Berne en Suisse et à Nerja en Espagne. C'est durant son adolescence que la famille d'Agata décide de rester à Bruxelles, finalement. Fondatrice du Soul project , cette dynamique maman de deux jeunes filles (de 21 et 14 ans) a accepté de raconter aux lecteurs de MagMA l'histoire de ce projet qui lui tient tellement à cœur.

Suite aux nombreux allers-retours Bruxelles/Paris qu’elle effectuait auparavant, Agata estime que Paris bouge beaucoup plus que Bruxelles « car on y trouve pas mal de scènes soul ».  Il y a encore quelques années,  la  Soul Affair organisait à Bruxelles des soirées « tribute to » dédiées à de grands chanteurs comme Donny Hathaway ou Aretha Franklin, par exemple. Les artistes invités n’y chantaient donc pas leurs propres compositions.  « Pour une raison que j’ignore, il n’y a plus eu de Soul Affair, et c’est de là que j’ai lancé  Soul project  qui, en février 2014, fêtera ses 3 ans d’existence», raconte Agata.

Le premier Soul project  a commencé tout petit au Magic Mirrors de la Place Sainte Catherine à Bruxelles. D’un style acoustique, guitare/voix au départ, le projet a grandi entretemps. Aujourd’hui, Soul project reçoit des « full band »  qui y font d’agréables prestations au Bazaar Club de la Rue des Capucins (près du quartier Sablon). Des petites formations de 3 ou 4 artistes viennent de temps en temps sur scène mais celles-ci assurent alors la première partie du concert  afin de faire monter la sauce jusqu’à la dernière partie : la soirée « after »assurée par Dj Mr Jay !! « Celle-ci est volontairement « old school » car les personnes de ma génération qui ont grandi avec la musique 80’s, celle des trentenaires avec la musique 90’s (et même les jeunes de la vingtaine) connaissent et aiment ce type de soirée », remarque Agata.

Certains chanteurs (Lubiana Kepaou, Jali, etc) qu’on a eu l’occasion de voir dans des émissions telles que « the Voice Belgique » ou autres sont passés également  au « Soul project ».   Et grâce à ce projet, quelques artistes ont  pu trouver une scène qui leur est propre et, par la même occasion, un public qui accroche et les suit. Ces artistes restent souvent dans l’ombre alors qu’ils ont énormément de talent, il importe donc de les mettre dans la lumière car à Bruxelles, on trouve des scènes rock ou électro mais des scènes funk, soul et r’n’b il n’y en a pas », déplore Agata. « Certes, il y a les boîtes de nuit mais ce n’est pas un concert live. Ce n’est donc pas la même chose ».

A l’avenir, Miss Pietrak pense inviter éventuellement plus d’artistes jazz et blues. Durant la partie concert, trois live bands de style différent sont représentés de façon à satisfaire tout le monde et varier les plaisirs. « Pour le futur, j’envisage bien de commencer avec un groupe plus jazzy ou plus blues pour ensuite continuer avec quelque chose de plus r’n’b et finir la première partie du concert avec un groupe funky ».

Soul Project  veut brasser toutes les catégories sociales et toutes les générations (de 18-20 ans aux seniors). « J’ai de la chance car Soul project rassemble toute la diversité culturelle de Bruxelles. Ce concept ne touche pas seulement les personnes d’origine africaine ou maghrébine mais tout le monde. Belges, Arabes, Congolais, Italiens, Pakistanais…etc se retrouvent ensemble dans une bonne ambiance et c’est ce qui fait la force de l’événement ». Agata insiste et met un point d’honneur à ce que Soul Project reste ouvert à tout le monde. Elle regrette qu’à Bruxelles les soirées soient souvent ghettoisées. « Les soirées hip hop ou soul résonnent dans certains esprits comme des soirées pour  blacks. A Bruxelles, par exemple, si un organisateur est d’une certaine origine, 95% des participants seront les siens. C’est quelque chose que je déplore parce que nous vivons tous dans la même capitale… Ainsi, pourquoi ne pas passer une soirée tous ensemble, loin de ce côté ghetto ?! ».

Pour rassembler toute cette population, Agata a réussi son entreprise grâce au bouche à oreille : « une personne qui a apprécié la soirée en parlera d’office », rappelle-t-elle. Utilisant les réseaux d’affichage sur la ville de Bruxelles, l’organisatrice se retrouve sur tous les fronts et n’a pas peur d’aller dans la rue pour y distribuer des flyers. Elle profite de tous les outils Internet pour faire la promotion de « Soul project ». Les charges de travail deviennent intense car « en dehors de mon travail en semaine, je m’y consacre le soir, le week-end et ne fais que ça ».

Ceci étant, Agata espère travailler un jour dans un domaine plus proche de sa passion. « Si on pouvait gagner sa vie avec ce type de boulot, ça se saurait... Je ne gagne pas ma vie avec the Soul Project, je préfère garder mon projet comme hobby! C’est déjà difficile de faire vivre un tel évènement... Certes je reçois des subsides mais cela reste insuffisant». Les moyens financiers demeurent donc le nerf de la guerre.

Pour la petite information, Miss Pietrak a été animatrice radio sur KIF pendant un an et demi et avait sa propre émission « Rythm’N’ Soul ». Avec « Cité-cultures », elle a travaillé pendant un an sur un projet hip hop réunissant plusieurs artistes bruxellois avec à la clé un enregistrement, une scène à Bruxelles-les-Bains, etc. A long terme, Agata souhaiterait organiser un festival « Soul » une fois par an, « mais c’est un rêve que je caresse de loin ».

Bon courage ! L’équipe de MagMa espère que Soul project continuera d’être un beau succès et qu'il ne cessera pas d'aviver la scène bruxelloise!

Vanessa Kabuta


Pour de plus amples informations :

http://www.thesoulproject.be/

https://www.facebook.com/pages/The-SOUL-Project/127336620670867