Convictions

Vote des étrangers en Belgique : « Moi-même je ne savais pas que je pouvais voter ! »

10 octobre 2024

Lors des élections communales belges, les citoyens étrangers peuvent voter, à condition de remplir certains critères. Malgré leur droit au vote, ces personnes font faces à de nombreuses difficultés allant du manque d’informations à la complexité du système politique belge. Afin d’obtenir quelques éclaircissements sur cette question, un volontaire de Magma a rencontré Alexandra, accompagnatrice à la Maison Babel, une ASBL qui accompagne des MENA (mineurs étrangers non accompagnés) « vers une vie indépendante ».

 

Bonjour Alexandra. Pouvez-vous vous présenter ?  

Je suis Alexandra, je travaille à la Maison Babel, plus spécifiquement je m’occupe de l’espace Babel’Air qui est une permanence sociale où on essaye d’accompagner du mieux qu’on peut des anciens MENA. 

Récemment, vous avez organisé une activité qui avait pour objet de pousser les jeunes à participer aux élections communales qui arrivent, parlez-nous en ?  

L’objectif était de les informer qu’ils avaient la possibilité de s’inscrire et de voter. Moi-même je n’étais pas informée qu’après 5 ans de résidence légale et ininterrompue, on pouvait voter aux élections communales. Et donc, malheureusement, la majorité des jeunes n’étaient pas informés que c’était possible. Nous avons alors organisé une séance d’informations pour expliquer l’importance de s’impliquer dans ces élections, et les différentes procédures à suivre pour pouvoir y participer. 

Selon vous, en tant qu’accompagnatrice sociale, où et comment peut-on obtenir ces informations ?  

Où, c’est une bonne question. Nous, on était informés par le biais des associations aux droits des étrangers. Pour les procédures, c’est soit faire des démarches à la commune pour les informer de notre volonté d’être inscrits comme électeurs, ou alors en ligne. Mais nous avons aussi beaucoup de jeunes qui souffrent de la fracture numérique. Lors de notre séance, d’informations, on avait proposé aux jeunes de les aider pour leur inscription en ligne. Malheureusement, il n’y a qu’un seul jeune qui est revenu vers moi pour s’inscrire. 

Qu’est-ce qui pourrait expliquer la réticence de ces jeunes étrangers à s’impliquer dans la vie politique?  

Je n’ai pas envie de prêter des intentions mais je pense que c’est par peur d’être dépassé par la complexité du système politique belge, le fait aussi qu’après s’être inscrit on ne peut plus revenir sur sa décision. Ou peut-être un sentiment d’illégitimité. En tout cas, c’est très difficile de répondre à cette question si on n’est pas concerné.  

Pour terminer, qu’est-ce qui pourrait être mis en place afin de favoriser l’implication de ces personnes dans la vie politique belge ? 

Je pense qu’il faut d’abord leur expliquer l’importance des différentes missions des communes, par exemple la ligne politique d’une commune qui peut avoir une influence assez forte sur les aides à l’intégration qui peuvent être accordées, ou non, dans un CPAS. Visibiliser, ou informer, sur la vie politique pour les reconnecter. Parce que, qu’il s’agisse de ces jeunes ou d’une partie de la population, beaucoup estiment que la politique n’a pas réellement d’impact sur leurs vies, ou alors ils se disent que voter ou pas, cela ne changera rien. Ce n’est peut-être pas complètement faux, mais pas complètement vrai non plus. Il faut essayer d’apporter une nuance à cela. 

 

Propos recueillis par Abdoulaye Diouma Bah. 

Cet article s'inscrit dans le cadre du projet « Au micro des citoyens-reporters : Élections communales 2024 à Bruxelles », réalisé en collaboration avec Mediel asbl et soutenu par Bruxelles Pouvoirs Locaux.