Société

Frigos partagés, un collectif qui donne chaud au coeur

29 mars 2019

C’est à deux pas du cimetière d’Ixelles, non loin de l'Université Libre de Bruxelles, que l’on retrouve Dominique. Avec un grand sourire, elle nous ouvre les portes d’un petit studio, qu’elle partage avec d’autres associations. Elle y dispose depuis le mois de janvier ses fameux “frigos solidaires”.

 

Dominique Watteyne, 68 ans, ancienne secrétaire de direction, aujourd’hui peintre en bâtiment, nounou, est la bénévole à l'initiative de l’installation de deux frigos solidaires à Ixelles. Selon elle, les frigos dits “solidaires” sont plus que nécessaires, et il en faudrait davantage dans les prochaines années. Il faut dire qu’elle aussi a pu en profiter durant une partie de sa vie.

Pendant 8 ans, je me suis nourrie grâce aux frigos partagés.

Quand j’arrivais et que je voyais du poulet rôti, c’était Noël !

Pour elle, qui a grandi avec des valeurs altruistes, mettre en place deux frigos solidaires à Ixelles était non seulement un acte solidaire, mais surtout une lutte contre le gaspillage alimentaire. Pour que le projet de Dominique soit durable, cela demande une vraie rigueur au quotidien : “ La rigueur, je pense que c’est l’atout qui fait que ça tourne. On ne peut pas être brouillon, ni désinvolte. Ce n’est pas parce que c’est gratuit qu’on ne doit pas être respectueux des personnes qui en bénéficient ”.

 

Davantage de liens dans le quartier

Plusieurs fois par semaine, les portes des frigos sont ouvertes à tous. Une participation de 1 euro symbolique est demandée.”Ce n’est pas pour moi, c'est pour l'électricité”. En effet, outre les coûts énergétiques, Dominique doit se débrouiller pour tout organiser méthodiquement. Elle peut compter sur l’aide du voisinage car il y a toujours bien quelqu’un pour lui donner un coup de main : nettoyer le local, réparer un frigo, transporter les produits, assurer les permanences, etc. Cet élan solidaire a renforcé l’esprit de quartier et la collaboration, notamment grâce à l’ouverture d’un café solidaire à proximité des lieux.

 

Chaque jour, elle peut fournir des aliments à une trentaine de personnes, sachant que chacune d’elles a elle-même en charge une famille de 4 à 6 personnes. Elle récupère et distribue principalement les produits frais comme les légumes, la viande, les laitages, etc.

 

Selon les observations de Dominique, pour un seul magasin Delhaize, les invendus représentent une moyenne de 1000 € par jour ! “Parfois, ça peut même aller jusqu’à 3000 euros !”

 

Une réglementation stricte

Depuis 2015, en Belgique, un programme gouvernemental prévoit que les invendus des magasins de plus de 1000 m2 soient donnés aux associations. En échange, ces entreprises peuvent bénéficier d’une exemption de TVA. Les conditions pour récolter ces invendus sont strictes. Par exemple, aucun produit ne peut circuler après minuit, aucun aliment ne peut rester plus de 30 minutes à l’air libre entre la chambre froide et le frigo, etc.

 

Une aide précieuse

D'après Marie, voisine et bénévole, beaucoup de personnes en précarité habitent dans le quartier et les frigos solidaires ont provoqué un changement positif. Elle ajoute: “ Maintenant, je ne dois plus calculer. Je peux payer toutes mes factures et les enfants ont à manger chaque jour.” Pour eux, il s’agit également d’avoir de temps à autre accès à des produits de luxe : steak de cheval, ragoûts, tiramisu, viennoiseries,etc. Elle ajoute : “En période de fêtes, qui sont les moments où on reçoit le plus d’invendus, je mange parfois du foie gras et même des huîtres”.

 

Conseils pratiques de Dominique pour ouvrir un frigo solidaire :

  1. Rester dans son quartier
  2. Avoir une bonne logistique, c’est-à-dire un moyen de transport
  3. Avoir du temps libre pour trier - nettoyer
  4. Avoir de la rigueur

Dominique est disponible pour des “coachings”!!!

 

 

 

        Chris MASHINI et Lucie SEVESTRE, journalistes citoyens chez Magma asbl