Nord/Sud

Fabrice, le voyage comme moyen d'évasion et de rencontres

17 octobre 2013

© Photo fournie par Fabrice Claes

Fabrice, professeur de néerlandais, bruxellois depuis toujours et administrateur au sein du Service Civil International (SCI), nous parle de ses expériences de voyage, et plus particulièrement, de ses prises de conscience lors d'un chantier comme volontaire au Pérou.

"Je ne voyage pas énormément. Le premier vrai voyage que j’ai entrepris, mais aussi le plus marquant, je l’ai réalisé au Pérou".

Il s’agissait d’un voyage encadré par le SCI. J’étais sur place afin d’aider les paysans des Andes. Cet endroit était totalement coupé de la vie moderne. Les paysans, chez qui on logeait, vivent en pleine nature, sans eau ni électricité. Le plus intéressant était le fait que ces gens sans moyen ont une mentalité et un fonctionnement autres que le nôtre. Ce qui m’a le plus touché, c’est la façon dont tout le monde s’entraide. Chaque famille dispose d’un champ et, à tour de rôle, tout le monde va aider le paysan voisin et ami. De la sorte, les fermiers cultivent les champs de tous et tous ensemble. Il s’agit d’un système totalement désintéressé de l’argent et du profit.

Sur place, notamment à cause de la situation isolée de ces personnes, on réalise que si on a un problème de santé ou un accident, les choses deviennent rapidement problématiques. Cela remet en perspective les facilités dont on dispose au sein de nos sociétés occidentales. Malgré tout, je souhaitais, à ce moment, me retrouver à un endroit où j’étais déconnecté de ma vie quotidienne. C’est pour cela que j’ai choisi de faire partie du SCI.

"Le but de nos chantiers est de découvrir d’autres cultures avant de vouloir absolument changer  les choses. D’ailleurs, je me suis rendu compte, lors de cette première expérience, que ce n’est pas en deux semaines de chantier que l’on va changer la planète".

Par contre, ce premier voyage m’a permis de préciser mes envies de voyages futurs. Ainsi, je n’ai plus tellement envie de voyager dans les pays du Sud où je vais un peu rencontrer les mêmes réalités de vie qu’au Pérou.

"J’ai davantage envie, désormais, de changer d’abord les choses ici."

Je me suis rendu compte, une fois au Pérou, que ces personnes pourtant très isolées ont des aspirations très "occidentales" : leur modèle, ça reste la belle maison avec une télévision géante, une grosse voiture et tout ce qu'ils voient dans les séries et les films américains, alors qu’ils ont vu ça peut-être une fois dans leur vie. Je pense que le contact avec des occidentaux n'est pas spécialement bénéfique et que leur culture est en train de disparaître à une vitesse incroyable. Ces familles appartiennent au peuple quechua, ceux que nous nommons d'habitude les Incas. La langue quechua se perd actuellement et c'est un phénomène récent, les jeunes partent en ville pour tenter leur chance et ne jamais la recevoir. Dès lors, la culture quechua disparaît. Je pense qu’il faut cesser de faire croire aux peuples du monde que notre modèle est la voie à suivre : c'est à chaque peuple de trouver sa voie.

Je pense, aussi, que les habitants du Sud sont plus à même de trouver des solutions pour leur propre région. Avant, j’étais militant au sein du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde. Je fais toujours partie de cet organisme et je pense toujours qu’il faut annuler la dette de ces pays, mais je trouve que ce genre d’organisation manque d’ouverture d’esprit.

Alors que dans mon enfance je voyageais avec mes parents de manière classique, je n’ai plus cette même envie. Dernièrement, j’ai plus réalisé des city trips de manière totalement libre. Je pars quelques jours sans beaucoup d’organisation. Je suis mes envies du moment. Biensûr, je fais des visites culturelles comme un touriste normal.

"Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est de découvrir la vie locale et de rencontrer les gens. On n’est pas obligé de partir à l’autre bout du monde pour faire des rencontres."

Si je vais à Esperanzah ou dans le sud de la France, par exemple, je peux rencontrer un tas de personnes différentes, on peut échanger des idées, je suis en contact avec d’autres cultures,…Bref, je m’évade. Cela aussi, pour moi, c’est une forme de voyage.

Et puis, je dois avouer que je n’ai plus envie de partir à l’autre bout du monde à chaque moment de vacance. Lorsque l’on voyage dans le Sud, on laisse derrière nous une empreinte carbone importante. Ce sont des choses auxquelles je fais désormais attention. Ma copine étant Slovène, je me rends au moins une fois par an dans son pays natal. La Slovénie est un pays que j’adore. Lors de notre prochain voyage, on en profitera sans doute pour visiter la Serbie.

 

Pour aller plus loin : www.scibelgium.be